''Retour d'exploration en Italie ''

''Ma Cascata présente le regard de trois jeunes artistes rennais sur le paysage de la Ciociaria, région italienne située entre Rome et Naples, à travers les médiums de la photographie, de la vidéo et du dessin. En août 2009, Claire Daudin, Solenne Jost et Simon Guiochet effectuent une résidence où ils mettent au point ce qu’ils appellent des « explorations », des méthodes d’expérimentation et d’appréhension du paysage, des lieux qui constituent un territoire et réalisent sur place des oeuvres dont il résulte une double exposition.

L’exposition à la MIR présente ces oeuvres ainsi que des pièces nouvelles.


Dans ses compositions photographiques, Solenne Jost étire le temps, multiplie les points de vue. Elle ouvre la porte à une perception narrative, à des hypothèses, à l’imagination.

L'installation photographique (L'indagine del fiume - l'affaire du fleuve) recouvrant la vitrine de la galerie est un panorama d’Isola del Liri. Le processus dévoile une variété des temps qui ont servi et qui sont nécessaires dans l'observation d'un lieu dont on perçoit qu'il est habité, utilisé, vivant. La mise en face à face des bâtiments anciens, dégradés, et récents, inachevés, pose un questionnement sur la valorisation du patrimoine urbain.

7 contrade (7 contrées) dresse un portrait complexe du paysage à travers des détails saillants. Dans cette reconstruction formelle du territoire exploré pendant la résidence, la photographie est «virussée» par un élément extérieur : la cartographie. La photographie devient picturale.




Claire Daudin propose une approche du paysage ciociare à travers une réflexion sur la mémoire. Que reste-t-il de l’expérience d’exploration d’un lieu lorsque six mois se sont écoulés ?

Les Résurgences invitent à se plonger dans une image à demi effacée. Les antiques machines à papier des années 1930 sont le symbole d’une prospérité locale passée. Le matériau même est travaillé afin de mettre en valeur ses propriétés de dégradation temporelle.

La structure architecturale abandonnée (Fantôme) fait partie du paysage de la Ciociaria : de nombreux bâtiments sont entrepris et laissés inachevés. Leur statut est à part : ces projections appartiennent à un futur jamais atteint et restent bloquées à l’état de ruines, sans avoir connu l’état d’achèvement. Ce sont des esprits sans corps.

Une jeune femme en chemise blanche (La Matta – la Folle), éperdue, dévale des ruelles dans une course sans fin dont les différents plans insistent sur l'architecture en boyau de la vieille ville d'Isola del Liri.

Un écran de contrôle (Quattro cascate – Quatre cascades) affiche quatre vues de la cascade, symbole d'Isola del Liri. Ces images récupérées sur Internet évoquent la projection personnelle que chaque individu met dans un élément patrimonial donc collectif.




Dans ses vidéos, Simon Guiochet met en jeu un corps en déplacement. Des gestes singuliers génèrent un environnement nouveau où le paysage quotidien est reconsidéré.

Les cartes postales vidéo (Video Cartoline) ont été réalisées au jour le jour dans les rues d'Arpino et d'Isola del Liri. Le personnage de "vacancier" insolite habite les lieux et intervient de manière burlesque dans des espaces qui sont alors mis en valeur et détournés de leur usage premier. Cascata nella bocca (Cascade dans la bouche), Acrobazia (Acrobatie), Sonnellino #1 (Petite sieste), Abito qui (J’habite ici), Carponi (A quatre pattes), Sonnellino #2, Questo con me (Ca avec moi), Spostare la statua (Déplacer la statue), Sonnellino #3

Dov’è l’olivetti (Où est le champ d’olivier)
"Une rivalité de toujours opposait les villes de Florence et de Sienne, spécialement sur les limites du territoire de ces deux villes. Afin de se départager sur ce point, ils décidèrent de lancer un tournoi : un coureur devrait partir au son du coq, du centre de chaque ville, et là ou ils se rencontreraient serait la limite séparant les deux villes. Sienne qui était alors une ville prospère fit l'acquisition pour cette épreuve d'un beau coq bien en chair. Florence, beau coup plus modeste à l'époque, choisit un coq noir à moitié déplumé et tout maigre. Celui-ci, le jour de l'épreuve, fut réveillé par la faim, un peu avant le lever du jour."

Secondo la gocia, seguando il fiume

Sei Giorni (Six jours) présente six tentatives vaines qui durant six jours tentent de répondre à la frustration, à l’illusion de proximité du paysage montagneux.